dimanche 19 octobre 2008

Les yeux rivés sur les Etats-Unis

Comme toutes les autres régions françaises, l’Auvergne retient son souffle à l’approche des élections américaines du 4 novembre prochain. Croire que le résultat du scrutin et l’avènement d’un nouveau locataire à la Maison Blanche n’influera en rien sur la vie des auvergnats serait inexact. Les Nations du Monde entier n’ont peut-être jamais été aussi dépendantes les unes des autres et les liens ambigus tissés entre Europe et États-Unis ne constituent plus un secret pour personne. Mais surtout, l’élection américaine intervient dans un contexte international trouble que seules la concertation et l’ambition commune pourraient apaiser. L’évolution future de la crise financière que nous connaissons – et dont les conséquences économiques affecteront concrètement les ménages des pays industrialisés – dépend en partie de la politique américaine sur le plan intérieur et sur le plan des affaires étrangères. Les politistes tendent à estimer que l’image affichée par le nouvel élu produira une réelle influence sur les marchés boursiers et sur l’économie en raison des attentes diplomatiques et de la part d’interventionnisme que le prochain Président incarnera. Pourquoi parler d’image et non de mesures véritables ? La période dite du lame duck qui repousse à janvier la passation de pouvoirs va neutraliser l’espace de plusieurs semaines la vie politique américaine alors même que le temps presse, que chaque jour et que chaque décision comptent pour restaurer l’équilibre financier de la Planète.

Les citoyens américains mettront quoi qu’il en soit un terme à huit années de présidence Bush. John McCain, qui fit souvent figure de rebelle dans son propre camp, ou Barack Obama, sénateur démocrate à qui la comparaison avec Kennedy sied particulièrement (au moins en termes de charisme) aura pour mission de redresser un pays ultra-déficitaire et au bord du déclin. Dans cette optique, il lui sera impossible de négliger le dialogue avec l’Europe et de mépriser l’esprit de concorde, comme put le faire en d’autres circonstances George W. Bush, lors du conflit irakien en 2003.

L’Union Européenne s’est efforcée de prendre la crise à bras-le-corps, surmontant les réticences d’États membres peu enclins à une intervention publique (il fallut convaincre une très réticente Mme Merkel) et « jouant collectif » avec l’instauration d’un dialogue et l’ébauche de solutions durables avec les autres puissances mondiales. On ne pourra guère reprocher au président Nicolas Sarkozy, dans son costume de leader de l’Union endossé jusqu’au 31 décembre prochain, et à José-Manuel Barroso de rechercher un consensus mondial. Affaiblie, l’administration Bush a cédé à l’appel de l’Union Européenne ; l’Amérique devrait finalement s’asseoir prochainement à la même table que les autres grandes puissances pour une série de sommets consacrés au système économique de demain. Que l’on aboutisse ou non à un nouveau Bretton Woods, les tractations diplomatiques actuelles sont de bonnes augures : elles consacrent un vrai retour de l’Europe sur la scène internationale et ouvrent la voie à une redéfinition de nos relations avec les États-Unis.